Il était une fois… Saint-Pierre-des-Fleurs, commune de 1 300 habitants, aux portes de l’agglomération d’Elbeuf. Un village qui donne l’impression, lorsqu’on le traverse pour monter vers le « plateau du Neubourg », qu’il est semblable à toutes ces zones pavillonnaires des centres industriels gourmands en main-d’œuvre rurale, exemple classique d’une urbanisation incontournable, parfois réussie, parfois discutable, et que les détracteurs appellent « rurbanisation ».
Saint-Pierre-des-Fleurs, joli nom pour un village, qui s’appelait encore au XIXe siècle Saint-Pierre-des-Cercueils, en raison de la découverte d’une nécropole antique ou mérovingienne, on ne sait plus… Toujours est-il que ce village mérite que l’on s’y arrête ! Le mur nord de l’église laisse voir de belles traces d’une architecture romane du XIIe siècle. Signalons en outre un magnifique colombier brique et pierre du début du XVIIe siècle, un manoir, la vallée de l’Oison, et nous avons là plus d’une raison pour un arrêt « tourisme et culture ».
Mais revenons à notre petit lavoir. Il a failli disparaître, mais quelques bénévoles se sont mobilisés, et aujourd’hui la commune peut s’enorgueillir de dire « c’est notre petit lavoir… ». Un bon projet, des bonnes volontés, et l’on arrive à ce qu’une vallée un peu oubliée mais authentique revive sans pour autant renier les souvenirs d’hier, ceux d’une vie rude mais rythmée par les saisons et la nature.
Ce samedi matin 11 Avril 2009, la petite route qui descend dans la vallée est encombrée de villageois décidés, un peu comme des pèlerins se rendant au sanctuaire. Les voitures sont interdites « sauf aux riverains ». La nature est magnifique en ce printemps ; les bosquets ont donné lieu à des coupes de bois qui se disputent le sol avec les fleurs qui explosent en tapis (1) ; des prés, des arbres, des têtards dont certains ont un âge vénérable forment le décor. Un mince filet d’eau serpente dans le pré, une eau claire qui descend pour aller se jeter plus bas dans l’Oison, rivière plus conséquente qui alimentait plusieurs moulins.(2) Le cadre idéal pour un photographe ou un peintre.
Et tout naturellement nous arrivons au lieu de rendez-vous du village, pour l’inauguration du lavoir (3). Il y a peu de temps encore c’était un buisson avec quelques traces de maçonneries (4), mais plus rien du lavoir en bois.
Aujourd’hui la vision est tout autre : le lavoir est là (5), comme autrefois.
A cet instant, venant on ne sait d’où, en réponse à un inconscient besoin de nostalgie, quatre lavandières descendent en chantant avec linge, paniers et brouettes. (6).
Et la lessive commence, avec les commérages de rigueur, où l’histoire publique et secrète des familles défile dans un véritable chapelet de cancans (7)(8). Aux hommes le café, aux femmes l’église et le lavoir !
Puis, après cette incursion dans la vie d’hier, c’est le retour aux civilités du jour : monsieur Christian GREBOVAL, maire de Saint-Pierre-des-Fleurs (9)(10)(11), rapporte dans son allocution tout le processus ayant amené cette réalisation, et l’assemblée se retrouve devant un verre de l’amitié convivial qui termine cette matinée.
Un grand merci à la municipalité de Saint-Pierre-des-Fleurs, dépositaire de son patrimoine, qui sait garder sa mémoire et mieux encore l’entretenir. N’hésitez pas à venir découvrir ce lavoir, au bout du chemin, dans un décor qui invite à l’évasion. (12)(13)
Pierre ROUSSEL (avec l’accord de la municipalité de Saint-Pierre-des-Fleurs)