Saint-Pierre-des-Fleurs – C’est un petit lavoir…! – 2009
Il Ă©tait une fois… Saint-Pierre-des-Fleurs, commune de 1 300 habitants, aux portes de l’agglomĂ©ration d’Elbeuf. Un village qui donne l’impression, lorsqu’on le traverse pour monter vers le « plateau du Neubourg », qu’il est semblable Ă toutes ces zones pavillonnaires des centres industriels gourmands en main-d’Ćuvre rurale, exemple classique d’une urbanisation incontournable, parfois rĂ©ussie, parfois discutable, et que les dĂ©tracteurs appellent « rurbanisation ».
Saint-Pierre-des-Fleurs, joli nom pour un village, qui s’appelait encore au XIXe siĂšcle Saint-Pierre-des-Cercueils, en raison de la dĂ©couverte d’une nĂ©cropole antique ou mĂ©rovingienne, on ne sait plus… Toujours est-il que ce village mĂ©rite que l’on s’y arrĂȘte ! Le mur nord de l’Ă©glise laisse voir de belles traces d’une architecture romane du XIIe siĂšcle. Signalons en outre un magnifique colombier brique et pierre du dĂ©but du XVIIe siĂšcle, un manoir, la vallĂ©e de l’Oison, et nous avons lĂ plus d’une raison pour un arrĂȘt « tourisme et culture ».
Mais revenons Ă notre petit lavoir. Il a failli disparaĂźtre, mais quelques bĂ©nĂ©voles se sont mobilisĂ©s, et aujourd’hui la commune peut s’enorgueillir de dire « c’est notre petit lavoir… ». Un bon projet, des bonnes volontĂ©s, et l’on arrive Ă ce qu’une vallĂ©e un peu oubliĂ©e mais authentique revive sans pour autant renier les souvenirs d’hier, ceux d’une vie rude mais rythmĂ©e par les saisons et la nature.
Ce samedi matin 11 Avril 2009, la petite route qui descend dans la vallĂ©e est encombrĂ©e de villageois dĂ©cidĂ©s, un peu comme des pĂšlerins se rendant au sanctuaire. Les voitures sont interdites « sauf aux riverains ». La nature est magnifique en ce printemps ; les bosquets ont donnĂ© lieu Ă des coupes de bois qui se disputent le sol avec les fleurs qui explosent en tapis (1) ; des prĂ©s, des arbres, des tĂȘtards dont certains ont un Ăąge vĂ©nĂ©rable forment le dĂ©cor. Un mince filet d’eau serpente dans le prĂ©, une eau claire qui descend pour aller se jeter plus bas dans l’Oison, riviĂšre plus consĂ©quente qui alimentait plusieurs moulins.(2) Le cadre idĂ©al pour un photographe ou un peintre.
Et tout naturellement nous arrivons au lieu de rendez-vous du village, pour l’inauguration du lavoir (3). Il y a peu de temps encore c’Ă©tait un buisson avec quelques traces de maçonneries (4), mais plus rien du lavoir en bois.
Aujourd’hui la vision est tout autre : le lavoir est lĂ (5), comme autrefois.
A cet instant, venant on ne sait d’oĂč, en rĂ©ponse Ă un inconscient besoin de nostalgie, quatre lavandiĂšres descendent en chantant avec linge, paniers et brouettes. (6).
Et la lessive commence, avec les commĂ©rages de rigueur, oĂč l’histoire publique et secrĂšte des familles dĂ©file dans un vĂ©ritable chapelet de cancans (7)(8). Aux hommes le cafĂ©, aux femmes l’Ă©glise et le lavoir !
Puis, aprĂšs cette incursion dans la vie d’hier, c’est le retour aux civilitĂ©s du jour : monsieur Christian GREBOVAL, maire de Saint-Pierre-des-Fleurs (9)(10)(11), rapporte dans son allocution tout le processus ayant amenĂ© cette rĂ©alisation, et l’assemblĂ©e se retrouve devant un verre de l’amitiĂ© convivial qui termine cette matinĂ©e.
Un grand merci Ă la municipalitĂ© de Saint-Pierre-des-Fleurs, dĂ©positaire de son patrimoine, qui sait garder sa mĂ©moire et mieux encore l’entretenir. N’hĂ©sitez pas Ă venir dĂ©couvrir ce lavoir, au bout du chemin, dans un dĂ©cor qui invite Ă l’Ă©vasion. (12)(13)
Pierre ROUSSEL (avec l’accord de la municipalitĂ© de Saint-Pierre-des-Fleurs)