Les contraintes de la vie moderne ne permettent pas Ă mes maĂźtres, qui exploitent la terre, de consacrer du temps et des moyens pour s’occuper de moi. Cependant ils ne veulent pas me voir dĂ©truire ou mutiler pour des ambitions ou des projets qui seraient pour moi une dĂ©chĂ©ance. Mes maĂźtres me respectent, mais le temps fait son oeuvre! J’ai vu le jour au tout dĂ©but du XVII° siĂšcle, Ă©difiĂ© par la famille du Coudray, Ă©tablie Ă Conches depuis plusieurs gĂ©nĂ©rations. C’est probablement Jacques du Coudray, qui m’a donnĂ© son nom ; c’est sans doute son pĂšre qui a donnĂ© le vitrail du « triomphe de la Vierge » Ă l’Ă©glise Sainte Foy.
A l’origine j’Ă©tais sur la paroisse du Vieux-Conches, rĂ©unie Ă Conches en 1791. Sur ma terre se trouvaient les forges des Vauxgoins, la terre de Blanche-Maison dite BaliviĂšre oĂč se trouve un manoir Ă pans de bois aujourd’hui restaurĂ©. Les maĂźtres de forges rĂ©sidaient au Vieux-Conches mais jamais au Coudray
Vers 1655 je fus saisi, vendu et passai entre plusieurs mains, pour Ă©choir un siĂšcle plus tard Ă Messire Jean-Jacques Livet de Saint-Mars (depuis on m’appelle aussi Manoir de Saint-Mars). La ferme fut alors rĂ©unie au vaste domaine foncier des Forges du Vieux-Conches.
Au XVII° j’Ă©tais pour les grandes familles une « Maison des champs », parfois qualifiĂ©e de ferme ou de mĂ©tairie. Mais au XVIII° mes propriĂ©taire avaient prĂ©tention de respectabilitĂ© et m’appelaient ChĂąteau, et j’ai connu de grandes heures lors d’un baptĂȘme en 1751 dans ma chapelle, en prĂ©sence d’un Pottier de Gesvres, Duc de Tresmes pour parrain et d’une Montmorency-Luxembourg, princesse de Tingry pour marraine.
Comme il est courant Ă l’Ă©poque, je suis intĂ©grĂ© Ă un vaste ensemble quadrangulaire fermĂ© de murailles et flanquĂ© dans chaque angle de remarquables tours carrĂ©es, trĂšs soignĂ©es, avec ce bel appareil de briques losangĂ© de noir. HĂ©las il ne reste aujourd’hui que trois de mes tours ; l’une d’elle abritait la chapelle : elle a Ă©tĂ© dĂ©truite.