D’aucuns l’ignorent peut-ĂȘtre : il y a dans l’Eure, prĂšs de Verneuil-sur-Avre, une Ă©cole de grand prestige, l’Ecole des Roches. Son renom n’est plus Ă faire, et dĂ©passe depuis longtemps les frontiĂšres de l’hexagone, attirant Ă©galement une « clientĂšle » internationale. Mais si nous en parlons aujourd’hui, c’est pour dĂ©noncer un scandale qui ternit la rĂ©putation de cet Ă©tablissement : l’Ă©tat d’abandon de sa chapelle, Ćuvre du grand architecte vernolĂ©en Maurice Storez. La prĂ©sence d’une Ă©difice religieux dans une Ă©cole privĂ©e, mĂȘme s’il y a plusieurs confessions, n’est pas surprenante, et tĂ©moigne d’une Ă©poque oĂč la pratique du culte Ă l’Ă©cole Ă©tait courante. La France est depuis prĂšs d’un siĂšcle laĂŻque. De plus, comme dans bien d’autres pays, la pratique religieuse est allĂ©e diminuant ces derniĂšres dĂ©cennies, entraĂźnant sans doute peu Ă peu l’abandon de la chapelle. D’anciens Ă©lĂšves s’en Ă©taient Ă©mus, qui en 1997 avaient organisĂ© une souscription pour la restauration de la toiture, comme en tĂ©moigne une plaque gravĂ©e encore visible.
Survint la tempĂȘte de dĂ©cembre 1999, qui arracha la toiture et abattit une partie des murs. On peut comprendre que devant l’ampleur des dĂ©gĂąts, la Direction de l’Ă©tablissement ait pris la dĂ©cision de ne pas restaurer cet Ă©difice, qui ne servait plus, ou en tous cas plus assez. Mais cela aurait au moins pu ĂȘtre fait proprement, dignement, en vidant et nettoyant mĂ©thodiquement le bĂątiment. Aujourd’hui, il nous prĂ©sente une vision dĂ©solante : livres et symboles religieux, vĂȘtements du culte et autres accessoires jonchent un sol souillĂ©. Les vitraux sont brisĂ©s et la sacristie, seule Ă ĂȘtre restĂ©e couverte, sert d’abri Ă des actes bien Ă©loignĂ©es de sa dĂ©volution originelle. Seuls rescapĂ©s du saccage : les restes de l’orgue rĂ©cupĂ©rĂ©s pour ĂȘtre rĂ©novĂ©s et intĂ©grĂ©s dans l’instrument qui vient d’ĂȘtre construit pour l’Ă©glise d’Ivry-la-Bataille. De nombreuses gĂ©nĂ©rations ont vĂ©cu une tranche de leur vie dans ce lieu de recueillement. Point n’est besoin de convictions religieuses pour dĂ©noncer, en mĂȘme temps qu’une atteinte au patrimoine, un vĂ©ritable outrage Ă leur mĂ©moire.
Photos ajoutées en avril 2018 :