Qu’en est-il aujourd’hui ? Nos nombreux informateurs locaux, les propriétaires des terrains, certains élus nous renvoient des échos peu rassurants. Nous avons connaissance tout à la fois que de nombreux sites (déjà connus ou non) sont intéressants, mais que nombre d’entre eux ne pourront être fouillés.
- En cause sans doute les sévères mesures de restrictions qui ont amputé l’INRAP (Institut National de la Recherche Archéologique Préventive ) de 25% de ses crédits en Janvier 2003 (voir les articles de presse Nationale et les médias).
- En cause encore peut-être les tergiversations politiques qui alternativement faisaient avancer ou bloquaient le dossier de cette A28 pendant des années.
- En cause aussi sûrement » l’impatience » de la Société ALIS chargée de la réalisation de l’autoroute et qui réclame la restitution du terrain. Nous comprenons bien l’importance du respect des délais dans une telle entreprise, mais alors pourquoi avoir fait, à grand renfort de publications, d’affiches envoyées aux mairies, de communication dans » La lettre d’ALIS » (du type » Encart spécial Archéologie « ), via aussi le site internet à consulter www.alis-sa.com, un tel battage sur la recherche archéologique, à tel point que toute personne pas ou peu informée pouvait penser qu’ALIS était un groupe de recherches archéologiques…Il y a fort à craindre maintenant que la pression que cet organisme va exercer sur les autorités ne compromette encore plus gravement des études déjà bien menacées.
Alors à quoi sert de mettre en évidence des sites archéologiques, si c’est pour les détruire aussitôt après et perdre à tout jamais de précieuses informations ? Plus prosaïquement, pourquoi tant de sommes déjà englouties pour abandonner avant d’avoir atteint le but. Enfin pourquoi provoquer le citoyen respectueux de son patrimoine en l’informant au préalable que l’archéologie sera respectée, et lorsque les témoins de l’histoire sont mis au jour, les détruire pour quelques semaines de planning. Comment peut-on parler de développement touristique, et donc économique, sans y inclure la valorisation du patrimoine ? Va-t-on encore entendre dire que l’Eure n’a ni patrimoine, ni intérêt ? Faut-il penser que l’Eure ne mérite pas ce respect ni cette reconnaissance ? Nous sommes fiers de notre département, et voudrions l’être au nom de tous et pour tous.
Dans l’attente d’en savoir plus, nous voulons au moins tirer la sonnette d’alarme. Et nous demandons à chaque décideur de méditer un peu cette phrase ô combien vraie, qui conclut le film » Les derniers jours de Zeugma » diffusé sur ARTE : » Au nom de quel avenir pourrait-on justifier de faire le sacrifice de la mémoire ? « .
Qui que vous soyez, vous qui venez de lire ces lignes, si vous pensez comme nous que le progrès, aussi nécessaire soit-il, ne doit jamais servir de prétexte à la perte de nos racines, n’hésitez pas à diffuser ce message. Merci.
Agnès Vermersch, Présidente de l’AMSE
Renée, Pierre et Guillaume Roussel, bénévoles du patrimoine
Et tous les amis solidaires
Mars 2003
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